L'Affiche des années 70

Les années 1970 en France sont marquées de façon indélébile par le mouvement de révolte qui secoue le pays en mai 68. L’histoire sociopolitique et la vie culturelle portent l’empreinte de cette violence et des changements qu’elle a entraînés. Durant cette période de crise, la paralysie du pays est totale, celle de l’information "normale" également : les journaux ne paraissent plus à cause des grèves, la télévision et la radio, contrôlées par l’Etat ne diffusent qu’une information filtrée. L’affiche va donc s’avérer le seul moyen de communication, d’information libre et rapide. Elle retrouve une place privilégiée, en revenant à sa fonction première : informer, le journal mural renaît. Illustrées d’un graphisme vigoureux, concentré, dépouillé de tout artifice, ne visant qu’à l’efficacité, de caricatures agressives, elles sont imprimées en sérigraphie, technique rapide et très souple.

Cette rupture va susciter chez les créatifs des agences et les graphistes une réflexion qui s’illustre dans les années 70 de deux façons. D’une part, la récupération pure et simple de la recette de mai 68, dont l’efficacité a été prouvée: dépouillement et apparente économie de moyens pour des campagnes comme Armor (matériel et fournitures de bureau) en 1976, avec des slogans à double sens « Mort aux taches », « A bas le désordre », « Plus de bavures » d’inspiration politique. On peut noter qu’en 1984, le même phénomène de récupération appliqué au graffiti, nouveau moyen d’expression reconnu presque comme un art, se généralise. D’autre part, à l’opposé, une recherche de la sophistication orientée surtout vers l’utilisation artistique de la photographie qui arrive à son apogée de perfection dans les années 1980 avec les affiches photos de Jean-Paul Goude pour Citroën entre autres.